Féminin sacré : la voie des femmes chez les Hopis
- Lorraine
- il y a 6 jours
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C’était il y a plus de quinze ans, dans la nuit profonde de la jungle amazonienne. Lors de ma toute première cérémonie d’ayahuasca au Pérou, je ne connaissais rien à cette médecine, ni aux mondes qu’elle ouvre. On m’avait simplement dit :
« Si l’Esprit de la plante se manifeste, parle-lui. »
Alors j’ai bu, sans rien attendre, un peu tremblante, un peu perdue, j’vais tellement peur.
Autour de moi, les bruits de la forêt, les chants anciens, la pénombre vivante.
En moi, le silence.
Et puis soudain, sans forme ni visage, une voix.
Clair comme une cloche dans le noir.
Elle ne venait ni de l’extérieur, ni tout à fait de moi.
C’était l’Esprit de la plante.
« Tu vas apprendre à être une femme. »
Sur le moment, j’ai souri intérieurement, presque amusée :
« Mais… je suis déjà une femme. »
Je n’imaginais pas encore le long chemin que cette phrase allait ouvrir.
Pas à pas, au fil des années, des rencontres, des guérisons et des silences, j’ai compris.
Il ne s’agissait pas d’être femme au sens biologique, ni social.
Il s’agissait de soigner mon féminin blessé, de renouer avec une sagesse ancienne, oubliée, vivante.
Et à travers ce chemin de retour à moi, je pourrais un jour accompagner d’autres femmes à se souvenir, elles aussi.
Grandmother Medicine Song m’a soutenue dans cette voie. Elle m’a transmis l’enseignement des 13 Grands-Mères, avec tendresse, comme une gardienne fidèle de la mémoire des femmes.
Elle m’a demandé de porter cette parole, et de l’offrir à celles prêtes à se rencontrer en vérité.
Dans la continuité de cette transmission sacrée, il existe un autre enseignement provenant des femmes Hopis, gardiennes d’une sagesse que l’on nomme « la voie des femmes ». Un chemin de connaissance, de mémoire, de retour à soi, de corps, d’écoute, et de création.
C’est de cette voie ancienne que j’aimerais te murmurer quelques traces.
Non pour expliquer.
Mais pour éveiller une mémoire.
Une mémoire plus vaste, plus ancienne que toi.
Une mémoire qui dort dans ton ventre, dans tes os, dans l’eau de ton cœur.
Et qui attend, patiemment, que tu la reconnaisses.
Féminin sacré : une mémoire vivante à retrouver
Avant que la société moderne n’efface ou n’étouffe certaines connaissances liées au corps, au cycle, à la spiritualité des femmes, les femmes Hopis détenaient et pratiquaient une forme de savoir organique, intuitif et sacré, sans avoir besoin de théorie ni de validation extérieure.
Dans notre monde occidental, beaucoup de femmes ont peu à peu perdu ce lien vivant avec leur corps et leur cycle, noyées sous les injonctions, les discours et les oublis. Mais chez les Hopis, ce féminin est profondément ancré dans une société matriarcale.
Ce sont les femmes Hopis qui portent la mémoire du clan, gardent le feu sacré de la maison, et détiennent les droits de transmission. Les terres, les maisons, les lignées et certains savoirs spirituels se transmettent par les femmes. Ce fondement donne au féminin une place centrale, non revendiquée, mais vécue, incarnée, respectée.
Elles savaient lire leur cycle menstruel, reconnaître les signes de leur fertilité ou de leur stérilité temporaire. Elles n’avaient pas besoin de discours sur le féminin sacré.
Leur vie était féminin sacré.
Non pas dans l’opposition au masculin, mais dans la complémentarité vivante, rituelle, invisible et efficace.
L’utérus : centre du féminin sacré chez les Hopis
Dans la tradition Hopi, l’utérus n’est pas qu’un simple organe : il est un centre vivant de perception, de guidance et d’intelligence profonde. Comme un jardin secret, il est relié aux cycles de la Terre, aux rythmes des saisons, aux phases de la lune — un temple intime où se mêlent corps, esprit et nature.
Ce que nous nommons aujourd’hui « intuition féminine » est en réalité un savoir corporel enraciné dans le bassin, une force subtile et puissante qui demande à être écoutée, cultivée et honorée.
Dans l’enseignement de « la voie des femmes », douze points sacrés dans le corps sont réactivés, comme autant de clés pour renouer avec cette puissance originelle. Ces points éveillent la mémoire du féminin sacré, invitant à retrouver notre force, notre équilibre et notre harmonie intérieure.

Les Kachina femmes : messagères du féminin sacré invisible
Ce chemin de reconnexion ne se fait pas seul. Il est porté et guidé par des gardiennes invisibles, des esprits ancestraux incarnant la force et la sagesse du féminin sacré.
Parmi ces gardiennes, les femmes Kachina occupent une place centrale : enseignantes silencieuses, elles transmettent leur savoir non par les mots, mais par la présence, la danse, l’énergie — ancrant ainsi l’enseignement directement dans le corps et l’âme.
Les Kachina sont des esprits sacrés issus de la tradition Hopi, véritables ponts entre les mondes visibles et invisibles. Ils forment un panthéon d’êtres aux visages multiples — certains masculins, d’autres féminins — porteurs d’enseignements reliés à la nature, aux cycles, à la transformation.
Certaines Kachina prennent l’apparence de femmes. Elles ne sont pas des figures « féminines » au sens ordinaire, mais incarnent des archétypes puissants, liés à la fertilité, à la mort, à la guérison, à la sagesse du corps. Leur langage est celui du ressenti, de l’intuition, du mouvement. Leur enseignement ne s’écoute pas, il se danse, se respire, se traverse.
Ce sont ces présences invisibles qui nous guident doucement vers la reconnexion à notre propre chair de femme — non pour chercher une divinité lointaine, mais pour embrasser notre essence sauvage, notre simplicité originelle. À travers le souffle ancestral et la lignée féminine des Kachina, la voie des femmes s’éveille, se transmet et s’enracine, comme un chant silencieux porté par le vent. Pour en savoir plus sur les Kachina, je vous invite à lire cet article que j’ai écrit à ce sujet.
Le féminin sacré ne se dit pas, il se vit
Les femmes Hopis ne parlent pas du féminin sacré. Elles ne le nomment pas. Elles ne le définissent pas, et encore moins ne le débattent.
Elles le vivent, pleinement et simplement.
Elles enseignent par la présence.
Par un regard qui accueille, un silence habité, une énergie qui enveloppe.
Il n’y a rien à démontrer, rien à convaincre. Seulement une vérité qui circule d’âme à âme, que le corps reconnaît sans l’avoir apprise.
Dans cette transmission silencieuse, c’est une mémoire ancienne qui s’éveille, une sagesse sans discours, mais infiniment vivante.
C’est cette voie là, ce chemin du féminin vécu, que nous avons aujourd’hui le plus grand besoin de retrouver.
Non pas un idéal à atteindre, mais une vérité à habiter, une présence à accueillir, une flamme intérieure à rallumer.
Car le féminin sacré ne se transmet pas avec des mots, il se révèle dans l’expérience, dans l’écoute profonde, dans l’ouverture du cœur et du corps.
Et si le féminin n’était pas à inventer, mais à se souvenir ?
Peut-être que le féminin sacré sommeille en nous, depuis toujours, caché sous des couches épaisses de conditionnements, de peurs, de modèles extérieurs.
Il est temps de déposer ces masques et ces histoires,
de nous libérer des voix qui nous éloignent de notre essence,
et de laisser le corps, la terre, les os, le souffle, et le silence profond nous ramener à la source première.
Car c’est dans ce retour au vivant, à la nature cyclique, à l’intelligence profonde de notre être, que la voie du féminin sacré se révèle,
non comme une quête, mais comme un retour à soi,
une réconciliation avec la part de nous qui sait, qui sent, qui guérit.
Je vous invite à faire ce pas avec douceur et courage, à commencer ici et maintenant,
à retrouver cette mémoire vivante,
à laisser votre corps parler, à écouter votre sagesse intérieure,
et à honorer ce féminin sacré qui ne demande qu’à renaître.

Une invitation à marcher la voie des femmes Hopis
Commence par accueillir ce féminin sacré en toi, sans attente, sans jugement, simplement avec la bienveillance d’une amie de longue date qui revient au foyer.
Offre-toi le temps d’écouter ton corps, de sentir ton souffle, de te reconnecter à la terre et au silence.
Si ces paroles ont résonné en toi, si tu entends l’appel de cette sagesse profonde et ancestrale, ne laisse pas ce murmure s’éteindre.
Je t’invite à venir explorer les cercles d’enseignement, les soins au tambour et les ateliers que je propose au Studio Yoga With You.
Et en 2026, je transmettrai pour la première fois l’enseignement de la Voie des Femmes.
Un chemin d’ancrage, de mémoire et de beauté, ouvert à celles qui sentent l’appel de se souvenir.
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