Cérémonie Soyal : célébrer le solstice d'hiver année après année
- Lorraine

- il y a 3 jours
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La Cérémonie Soyal est une célébration Hopi du solstice d’hiver, symbole de renaissance, de transformation et de retour vers la lumière. Chaque année, ce rituel nous invite à honorer le cycle passé, à poser de nouvelles intentions, et à nous reconnecter à la Terre, à l’esprit et à notre propre chemin intérieur.

La graine d'une intention nouvelle
Ce matin, alors que je préparais cet article, une évidence s'est imposée à moi avec la douceur d'une révélation. Une graine s'est plantée dans mon cœur : pour décembre 2026, je souhaite créer et conduire la Cérémonie Soyal pour ma communauté, celles et ceux qui suivent les enseignements Hopis et participent aux ateliers du studio de Yoga.
Cette intention arrive à un moment particulier de ma vie. Dans une semaine, je vivrai mon premier Soyal sans la présence physique de Grandmother Medicine Song. En janvier dernier, elle a « dropped her robe », comme disent les Hopis avec tant de justesse : elle a déposé son manteau terrestre pour rejoindre le monde des esprits.
Son absence se fait sentir, inévitablement. Et pourtant, dans cet espace qu'elle a laissé, quelque chose d'autre émerge : une clarté, une question profonde. Que voulons-nous créer ? Dans quelle direction souhaitons-nous marcher ?
C'est précisément là que réside la médecine de la Cérémonie Soyal, celle qui revient chaque année au solstice d'hiver : nous inviter à mesurer le chemin parcouru depuis le cycle précédent, à honorer ce qui a été semé, et à planter consciemment les graines de ce qui vient.
Comprendre le temps circulaire Hopi à travers la Cérémonie Soyal
Chez les Hopis, le temps n'est pas une ligne droite qui avance inexorablement. C'est une spirale, un cercle qui revient sans cesse, mais jamais au même point exactement. Chaque retour de Soyal n'est pas une simple répétition, c'est un approfondissement, une nouvelle couche de compréhension qui se révèle.
Les Hopis nous enseignent que les cérémonies sont nos jalons vivants. Elles nous permettent de mesurer non pas le passage du temps, mais notre propre transformation.
Dans notre culture occidentale moderne, nous vivons souvent dans l'amnésie du présent. Nous oublions d'où nous venons, et le mouvement perpétuel vers l'avant nous fait perdre la mémoire de nos propres pas. Les cérémonies cycliques nous offrent un cadeau précieux : la possibilité de nous souvenir.
Chaque solstice d’hiver devient alors une opportunité de transformer nos intentions en actions, et d’inscrire cette transformation dans le rituel vivant de Soyal.
Soyal dans le cycle cérémoniel annuel : célébrer le solstice d’hiver
Comme je l'ai partagé dans mon article récent sur Wuwuchim, l'année cérémonielle Hopi commence avec le Nouveau Feu en novembre. Durant Wuwuchim, nous allumons la première flamme du nouveau cycle, nous plantons nos intentions comme des graines dans le sol fertile de la kiva.
Cette année, j'ai demandé :
De pouvoir apprendre à conduire des cérémonies Hopis
D'apprendre la langue Hopi
De faire avancer les travaux sur la bergerie, ce lieu qui deviendra un jour notre kiva à ciel ouvert, un espace sacré où la communauté pourra se rassembler, où les cérémonies prendront racine, et où chacun trouvera un refuge pour honorer les enseignements ancestraux.
De marcher de plus en plus en paix et harmonie avec mon compagnon.
Ces graines plantées pendant Wuwuchim, nous les nourrissons maintenant pendant Soyal. Le solstice d'hiver devient alors le moment où nous bénissons ces intentions, où nous les offrons à la lumière naissante, où nous demandons aux esprits de les soutenir dans leur germination.
Ce que révèle chaque Cérémonie Soyal au moment du solstice d’hiver
Il y a quelque chose de profondément transformateur dans le fait de revenir chaque année à la même cérémonie. Non pas parce que nous répétons mécaniquement les mêmes gestes, mais parce que nous ne sommes plus la même personne qui s'est présentée l'année précédente.
Le miroir du temps cyclique
Imaginez que chaque Soyal soit un miroir tendu devant votre âme. Ce miroir ne vous montre pas seulement qui vous êtes aujourd'hui mais il vous révèle aussi qui vous étiez il y a un an, et la distance parcourue entre ces deux points.
L'année dernière, lors de mon dernier Soyal avec Grandmother Medicine Song, j'étais une enseignante et étudiante écoutant sa guide. Cette année, je me tiens à un seuil différent celui de me choisir pleinement pour le chemin cérémoniel. Celui de dire « oui » à devenir gardienne de ces cérémonies sacrées, à les conduire moi-même pour ma communauté.
Cette transformation ne s'est pas faite en un jour. Elle s'est tissée lentement, au fil des mois, des pratiques quotidiennes, des dix actions de préparation que j'ai partagées l'année dernière. Et je ne marche pas seule sur ce chemin : Satya est là pour me former, pour me guider, et elle soutient pleinement cette démarche. C'est le retour de Soyal qui me permet de voir cette évolution, de la nommer, de l'honorer.

Les questions à se poser d'une année à l'autre
Pour faire de la Cérémonie Soyal un véritable outil de transformation personnelle, je vous invite à vous poser ces questions chaque année, au moment du solstice d'hiver.
Regarder en arrière avec gratitude :
Où en étais-je lors du dernier Soyal ? Quelle était ma situation émotionnelle, spirituelle, matérielle ?
Quelles intentions avais-je posées ? Lesquelles ont porté leurs fruits ?
Quelles prières ont trouvé réponse, même de façon inattendue ?
Qu'est-ce qui a changé en moi depuis le dernier solstice d'hiver ?
Observer le présent avec lucidité :
Qui suis-je devenu(e) aujourd'hui ?
Quelles parts de moi se sont renforcées ? Lesquelles demandent encore de l'attention ?
Dans quelle mesure ai-je marché en harmonie avec mes valeurs profondes ?
Qu'est-ce qui me remplit de gratitude en ce moment précis ?
Planter les graines du futur avec intention :
Qui ai-je envie de devenir d'ici le prochain Soyal ?
Quelles graines est-ce que je souhaite planter maintenant ?
Que demanderai-je aux Kachinas lorsqu'elles descendront des montagnes ?
Comment puis-je servir ma communauté, ma famille, la Terre-Mère dans ce nouveau cycle ?
Honorer Grandmother Medicine Song et la transmission
Je ne peux pas parler de ce Soyal sans honorer celle qui m'a tout transmis. Grandmother Medicine Song « dropped her robe » en janvier, et son départ a créé un vide que rien ne peut combler. Mais elle nous a aussi laissé un héritage immense.
Grâce à elle, je me trouve aujourd'hui à un endroit dans ma vie où je suis en joie profonde et en alignement. Grâce à elle, je connais les enseignements Hopis qui nourrissent mon âme et guident mes pas. Grâce à elle, je comprends que la transmission n'est pas un fardeau, mais un honneur.
Elle m'a appris que les cérémonies ne nous appartiennent pas — elles appartiennent au peuple, à la Terre, au Créateur. Notre rôle est simplement de les garder vivantes, de les offrir avec humilité et respect, de créer l'espace sacré où les autres peuvent venir se reconnecter.
Alors cette année, je marche vers Soyal avec un cœur empli de gratitude pour celle qui m'a guidée, et avec la certitude que son esprit continue de m'accompagner. Son enseignement brûle en moi comme la flamme sacrée de Wuwuchim, silencieux, mais toujours vivant, et il continue d’éclairer mon chemin vers chaque Cérémonie Soyal et chaque solstice d’hiver.
Les Pahos : porteurs de nos prières dans un monde en transformation
Dans la tradition Hopi, les pahos (ou bâtons de prière) occupent une place centrale dans les cérémonies. Ce sont des objets sacrés, généralement fabriqués à partir de petites branches de bois auxquelles on attache des plumes d'aigle ou de dinde sauvage, liées avec une cordelette de coton naturel. Lors de la Cérémonie Soyal, les Hopis créent des pahos avec une attention cérémonielle particulière, en les bénissant dans les kivas.
La signification profonde des pahos
Les pahos ne sont pas de simples objets décoratifs. Ils sont des porteurs de prières, des offrandes vivantes qui transmettent nos intentions aux esprits. Le bâton représente la connexion avec le monde spirituel, tandis que la plume est le véhicule qui porte notre souffle, notre prière, vers les cieux.
Grandmother Medicine Song enseignait avec une grande précision sur les pahos. Elle disait : « Le bâton est le message, et les plumes sont l'appel à l'oiseau-esprit ou au totem chargé de porter le message vers les cieux. Une extrémité du bâton de prière est ensuite plantée dans la terre. Lorsque la brise fait bouger les plumes, elle active l'énergie du bâton et relie la demande terrestre au ciel. »
Elle insistait également sur le respect sacré dû aux pahos : « Aucun Pahos ne doit être touché pendant quatre jours après sa pose. Le faire entraînerait un grand malheur pour celui qui transgresse cette règle. Même après ce délai, il ne peut être touché qu'avec la main gauche, car c'est le côté du cœur. Les Pahos doivent rester en place pendant 21 jours, après quoi ils peuvent être démontés, et les éléments utilisés pour les fabriquer peuvent être réutilisés selon le souhait. »
Lors de Soyal, les Hopis créent des pahos avec une attention cérémonielle particulière, en les bénissant dans les kivas. Ces pahos sont ensuite placés dans différents endroits sacrés, sur les champs pour bénir les futures récoltes, dans les maisons pour protéger les familles, ou offerts aux sources d'eau pour remercier la Terre-Mère.

Créer ses pahos dans un temps de transformation planétaire
Nous vivons actuellement une période de transformation planétaire profonde. Les déséquilibres écologiques, les tensions sociales, les bouleversements climatiques nous rappellent chaque jour que nous devons réapprendre à vivre en harmonie avec la Terre.
Dans ce contexte, créer ses propres pahos symboliques devient un acte de résistance spirituelle douce, un engagement à participer activement à la guérison du monde. C'est une façon de dire : « Je me souviens. Je me reconnecte. Je m'engage. »
Exercice pratique : Créer votre paho d'intention pour Soyal
Je vous propose un rituel simple mais puissant à réaliser au moment du solstice d'hiver. Vous n'avez pas besoin d'être Hopi pour honorer cette pratique, ce qui compte, c'est l'intention sincère et le respect avec lequel vous l'abordez.
Matériel nécessaire
Une petite branche tombée naturellement d'un arbre (10-15 cm)
Une plume (trouvée dans la nature)
Un fil de coton naturel ou de la ficelle écologique
Du papier et un stylo
Une bougie blanche
De la sauge ou du Palo Santo pour purifier
Le rituel en 7 étapes
1. Purifiez votre espace
Allumez la sauge ou le Palo Santo. Laissez la fumée envelopper votre espace de travail, votre corps, et les matériaux que vous allez utiliser. Prenez quelques respirations profondes pour vous centrer.
2. Connectez-vous au cycle de l'année
Asseyez-vous confortablement. Fermez les yeux. Laissez votre esprit voyager en arrière, jusqu'au solstice d'hiver dernier. Où étiez-vous ? Que viviez-vous ? Prenez le temps de vraiment vous souvenir.
3. Écrivez votre bilan de l'année
Sur une feuille de papier, notez :
Ce que vous avez accompli cette année
Les défis que vous avez traversés
Les prières qui ont trouvé réponse
Les gratitudes qui émergent
4. Posez vos intentions pour le cycle à venir
Sur une autre feuille, écrivez clairement vos intentions pour l'année qui vient. Soyez précis(e), mais laissez aussi de l'espace pour que le mystère opère. N'oubliez pas d'inclure des intentions qui servent non seulement votre propre croissance, mais aussi votre communauté et la Terre.
5. Créez votre paho
Allumez la bougie. En silence ou en murmurant vos prières, attachez délicatement la plume à votre branche avec le fil de coton. À chaque enroulement du fil, respirez consciemment votre intention dans la plume.
Laissez vos mains vous guider, il n'y a pas de « bonne » façon de faire. Ce qui compte, c'est la présence et l'amour que vous mettez dans chaque geste.
6. Bénissez votre paho
Tenez votre paho terminé devant la flamme de la bougie (sans le brûler !). Récitez à voix haute vos intentions. Remerciez les esprits, la Terre-Mère, et toutes les forces qui soutiennent votre chemin.
7. Plantez votre paho dans la terre
Trouvez un endroit dans votre jardin, dans la nature près de chez vous, ou même dans un grand pot de terre si vous vivez en appartement. Plantez délicatement votre paho dans la terre, l'extrémité du bâton enfoncée dans le sol, les plumes pointant vers le ciel.
En le plantant, visualisez vos intentions s'enracinant dans la Terre-Mère et s'élevant simultanément vers les cieux. Lorsque le vent fera bouger les plumes de votre paho, il activera l'énergie de votre prière, créant un pont vivant entre la terre et le ciel.
Règles sacrées à respecter :
Ne touchez pas votre paho pendant 4 jours après l'avoir planté
Après ces 4 jours, si vous devez le toucher, utilisez uniquement votre main gauche (le côté du cœur)
Laissez votre paho en place pendant 21 jours complets
Après 21 jours, vous pouvez le démonter avec respect. Les éléments peuvent être réutilisés pour de futurs pahos ou rendus à la terre
Durant ces 21 jours, observez comment le vent fait danser les plumes. Chaque mouvement est votre prière qui s'active, qui monte, qui voyage. C'est un enseignement profond sur la patience, le lâcher-prise, et la confiance dans le processus spirituel.
Ce rituel simple reconnecte chacun à l’esprit de la Cérémonie Soyal et aux enseignements portés par le solstice d’hiver.
La promesse du retour : Soyal 2026
En plantant cette graine aujourd'hui, celle de créer la cérémonie de Soyal pour ma communauté en décembre 2026. Je participe moi-même au cycle que je vous invite à embrasser.
D'ici un an, qui serai-je devenue ? Aurai-je appris suffisamment pour guider les autres avec respect et humilité ? Les travaux de la bergerie auront-ils avancé pour accueillir un cercle cérémoniel ? Mon compagnon et moi aurons-nous continué à approfondir notre marche commune en paix ?
Je ne connais pas encore les réponses. Et c'est la beauté du cycle. Nous plantons dans la confiance, et nous laissons le mystère faire son œuvre.
Ce que je sais, c'est que l'année prochaine, au moment de Soyal 2025, je prendrai mon carnet et je relirai ces mots. Je mesurerai le chemin parcouru. Je verrai quelles graines ont germé et lesquelles demandent encore du temps. Et je planterai à nouveau, avec plus de sagesse, plus de profondeur.
C'est cela, la médecine de la répétition cérémonielle. Ce n'est pas une roue qui tourne en rond. C'est une spirale qui monte, qui approfondit, qui nous élève petit à petit vers une version plus alignée de nous-mêmes, cycle après cycle, Soyal après Soyal.
Marcher avec les cycles : une invitation
Soyal nous invite à ralentir dans un monde qui va trop vite. À nous souvenir dans un monde qui oublie. À nous reconnecter dans un monde qui nous sépare.
Que vous viviez cette cérémonie selon la tradition Hopi, ou que vous créiez votre propre rituel du solstice d'hiver, l'essentiel est de vous engager dans la pratique du retour conscient. De faire de chaque année un enseignement. De laisser les cycles vous transformer.
Dans une semaine, je vivrai mon premier Soyal sans Grandmother Medicine Song. Je ne sais pas encore ce que je ressentirai. Mais je sais que je porterai sa mémoire avec gratitude, et que je marcherai vers l'avenir qu'elle m'a encouragée à créer.
Et vous ? Où étiez-vous l'année dernière à cette même époque ? Qui êtes-vous devenu(e) depuis ? Que souhaitez-vous pour l'année à venir ?
Prenez le temps de vous poser ces questions. Créez votre paho. Plantez vos graines. Et laissez la lumière de Soyal éclairer votre chemin.
Pour aller plus loin
Si vous souhaitez approfondir votre compréhension des cérémonies Hopis et de leur signification pour notre vie contemporaine, je vous invite à :
Relire mon article sur les dix actions de préparation à Soyal de l'année dernière
Découvrir la cérémonie du Nouveau Feu Wuwuchim qui précède Soyal
Explorer les enseignements Hopis que je propose
Réserver un soin au tambour pour vous reconnecter à ces énergies ancestrales
Rejoindre les ateliers au studio Yoga With You au Bouscat où nous explorons ces pratiques ensemble
Rejoindre notre communauté pour cheminer ensemble dans le respect et la bienveillance
Que la Cérémonie Soyal, au cœur du solstice d’hiver, vous accompagne dans votre propre cycle de transformation, de guérison et de lumière.
Ask'wa — C'est ainsi.
















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