De la cigarette à la Pipe Sacrée 2 : entre les mains de l’invisible

Cet article fait partie d'une série consacrée à la transformation du lien au tabac et à la rencontre avec la pipe sacrée. Tu peux lire l’article précédent : De la cigarette à la pipe sacrée : mon chemin avec le Tabac

Souffle de prière

La pipe sacrée : un appel du cœur

Depuis des mois, une prière discrète vivait en moi. Une demande déposée avec respect : celle de pouvoir, un jour, être une guadienne de Pipe Sacrée.

Porter la Pipe, pour moi, c’est synonyme d’un engagement profond, une offrande de soi, un acte de service. Je ne cherchais ni reconnaissance ni pouvoir. Seulement l’opportunité d’écouter et de transmettre, d’honorer la voix des Esprits avec humilité.

Cet appel ne résonnait pas seulement dans mes pensées, il vibrait dans chaque cellule de mon corps. Une présence intime, insistante et pourtant paisible, qui me rappelait que ce chemin était juste. Il portait avec lui une invitation à me préparer. À cultiver la justesse et l’ancrage nécessaires pour être digne de ce don. Je vivais dans cette tension subtile entre patience et ferveur.

Chaque jour, sans le vouloir vraiment, je revenais à cette prière. Comme on veille une flamme fragile qu’on refuse de laisser s’éteindre. Je ne savais pas si cet appel serait entendu. Et pourtant, quelque chose me disait de rester à l’écoute. Quelque chose de vivant, de sacré, m’appelait, encore et encore.

Mais le silence persistait.

Grandmother Medicine Song, qui m’a tant transmis, restait muette sur ce sujet. Peut-être que ce chemin n’était pas le mien. Peut-être m’étais-je trompée. Ces pensées venaient, parfois légères, parfois lourdes. Toujours teintées d’une douce mélancolie.

Il ne me restait qu’à apprendre à accueillir ce silence. À m’asseoir avec lui. À demeurer présente dans l’attente, avec une foi vacillante mais sincère. Habiter l’incertitude. Écouter ce qui ne se dit pas.

Une réponse différée

Juste avant que Satya parte rendre visite à Grandmother, je lui demandai, si elle pouvait glisser un mot en mon nom. Rappeler à Grandmother cette prière silencieuse que je portais, avec constance, au creux du cœur.

À son retour, Satya me raconta que Grandmother avait bien entendu ma requête. Mais la réponse, elle aussi, était silencieuse. Ce n’était pas encore le moment. Grandmother lui avait confié que c’était à moi, et à moi seule, d’appeler la Pipe, lorsque le temps serait venu. Que je devais rester dans l’écoute, me tenir prête, patiemment.

Ce que je ne savais pas alors, c’est que Satya, dans son élan de soutien, avait demandé à Grandmother si elle pouvait me transmettre sa propre Pipe Sacrée et faire le rituel pour me la confier. Grandmother avait consulté sa Pipe… et la réponse avait été un non, clair et sans détour.

Quand je l’ai appris, j’ai ressenti un grand vide. Ce non est venu me heurter plus fort que je ne l’aurais cru. Je ne l’avais pas demandé ainsi, et pourtant, cela a ravivé en moi des doutes profonds. Pourquoi ce refus, après tant de mois de prière et de mise en chemin ? Pourquoi ce silence, là où je croyais être en juste relation ?

Ce moment a été une traversée de découragement. J’ai douté de moi, de la justesse de ma quête. Mais au creux de ce non, quelque chose m’a été montré. Il était là pour me faire descendre plus bas encore, dans l’écoute, dans l’humilité. Me rappeler que ce chemin n’obéit à aucun désir, même sincère. Que rien ne m’est dû. Et que l’initiation prend parfois la forme du vide, du silence, de l’attente. Sur ce chemin, les réponses ne prennent pas toujours la forme qu’on espère. Il faut apprendre à entendre ce qui ne se dit pas. À recevoir le non — ou le pas encore — comme un enseignement précieux.

Et pourtant, même dans le silence, la vie continue de murmurer.

La fenêtre de l’âme

Un signe sur le chemin

Et parfois, les réponses arrivent de là où on ne les attend pas.

Les semaines passèrent. Pourtant, la Pipe sacrée ne quittait pas mes pensées. Quelque chose en moi restait tendu vers elle, comme un fil invisible qui refusait de se rompre. Puisque le chemin ne semblait pas s’ouvrir avec Grandmother Medicine Song, peut-être devait-il s’ouvrir autrement. Je voulais bien être patiente, mais je sentais aussi qu’il me fallait agir, me mettre en mouvement, chercher un autre passage.

Un jour, au détour d’une conversation avec Heather, une ancienne apprentie de Grandmother, elle aussi marcheuse avec la Pipe Sacrée, je lui demande si elle connaît un livre à me recommander. Sans hésiter, elle me parle de La voie de la Pipe Sacrée de Jim Tree. Ce nom m’est inconnu, mais je le note. Curieuse, je pars à sa recherche. Je tente de commander la version Kindle, mais le lien ne fonctionne pas. J’insiste, réessaie… en vain.

Alors, portée par une intuition, je décide d’écrire à l’auteur. Je trouve son adresse mail. Et je lui écris, simplement, avec tout mon cœur. Je lui parle de mon chemin, de cet appel qui brûle en moi, des portes encore fermées, mais aussi de la force qui me pousse à continuer.

Quelques heures plus tard, il me répond.

Sa réponse me parvint comme une lumière douce dans l’obscurité d’une nuit intérieure. Généreuse, directe, emplie de bienveillance. Il m’envoya le lien vers la version française de son livre, comme on tend une offrande à une âme en chemin.

Je fus profondément émue par cette simplicité sacrée, par cette main tendue venue de loin. Il y avait dans cette rencontre, une sensation subtile d’alignement, comme si quelque chose d’essentiel venait de se mettre en mouvement.

Une chaleur subtile m’enveloppa, comme un chuchotement bienveillant de l’Univers. Je me sentis guidée, soutenue, portée par quelque chose de plus grand. Ce sont dans ces instants-là, où des cadeaux inattendus surgissent sur mon chemin, que ma gratitude devient immense, pleine et vivante. Je sais alors, sans doute possible, que le Créateur m’entend. Que je marche, pas à pas, dans la justesse.

Alors, bercée par cette vague de reconnaissance silencieuse, j’ouvris le livre. Curieuse. Vibrante. Le cœur un peu tremblant. Peut-être que, dans ces pages, se cachait une réponse. Peut-être que la voix de Jim Tree allait m’aider à éclairer le sentier encore invisible menant à la Pipe Sacrée.

L’invitation inattendue

Quelques jours plus tard, un nouvel email arrive. C’est Jim. Il m’invite à participer à une cérémonie de la Pipe Sacrée… sur Zoom. Je reste en suspens. Étonnée. Émue.

Qu’il m’ouvre ce cercle sacré, sans même me connaître, me touche. Il me tend la main à mon appel, avec une noblesse silencieuse.

J’accepte. Le cœur grand ouvert.

Le jour venu, je m’installe. En silence. Je ne sais pas ce que je vais vivre, mais je me sens appelée. L’écran s’ouvre. Jim apparaît, son calme, sa posture enracinée avec sa voix posée et pleine. Et tout de suite, je sens : l’énergie, la présence, les Esprits… Même à travers un écran, c’est là. Fort. Vrai. Sacré.

Ce qui m’émeut, c’est l’énergie qu’il incarne. Une humilité rare, une simplicité sincère. Il se met au service, pleinement présent.

Il perçoit les présences autour de lui, les Autres Sacrés, et leur accorde une attention silencieuse, fluide, respectueuse. Il les lit. Il les écoute.

Tout au long de la cérémonie, je ressens cette alliance vivante qu’il tisse avec les Esprits. Il ne « garde » pas la Pipe : il devient un avec elle. Il ne « fait pas » la cérémonie : il s’efface pour qu’elle se révèle. Et dans cette ouverture, les messages arrivent, les signes s’offrent. Des visions me traversent. Des images, des ressentis, des couleurs venues d’ailleurs. L’invisible se dévoilait à travers un voile très fin.

Je suis bouleversée. Une vague d’humilité m’envahit. Comme si, pour un instant, j’avais été témoin d’un mystère ancien, vivant. Et que les Esprits, à travers lui, m’avaient dit : Tu es exactement là où tu dois être.

Après la cérémonie

Après la cérémonie, je suis restée en silence. Quelque chose en moi avait été touché en profondeur. Je voulais honorer cela en ne précipitant rien. Je voulais prendre le temps de laisser vivre en moi ce qui avait été touché.

Le soir même, j’écris à Jim, un message simple, pour le remercier. Pour lui dire que je ressentais le besoin de vivre pleinement ce qui s’était passé avant de trouver les mots justes. Et que, dans quelques jours, je lui écrirais un message plus long.

Ce temps, je me le suis offert. Non pas pour mentaliser ce que j’avais vécu, mais pour le laisser s’infuser dans mon corps, dans mes rêves, dans mon cœur. Quand enfin les mots sont venus, ils ne parlaient pas tant de la cérémonie que de ce qui avait été éveillé en moi : une prière ancienne, cet appel que je porte depuis longtemps, celui d’être un jour au service du Sacré, à travers la Pipe.

Je lui ai alors envoyé ce second mail, un message de cœur, un prolongement de la prière.

Ce que je ne savais pas encore, c’est que cette cérémonie allait ouvrir une série de synchronicités, de rencontres, de passages. Que ce mail serait une clé. Que bientôt, d’autres portes s’ouvriraient, d’autres visages apparaîtraient, eux aussi gardiens de la Pipe Sacrée, et que le chemin, lentement, allait commencer à se dessiner.

Mais cela, je ne le savais pas encore.

Ce soir-là, je me suis endormie en paix, comme si une réponse avait enfin été soufflée.

Pas celle que j’attendais.

Mais une réponse, quand même.

Et c’était déjà énorme.

À SUIVRE…

Je t’invite à lire également l’article précédent pour approfondir  De la cigarette à la pipe sacrée : mon chemin avec le Tabac

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Il est encore temps d’apprendre à écouter et de se souvenir que tout ce qui vit peut nous enseigner.